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Un bond dans le temps, c'est ce que fait Gabriel Attal avec ses nouvelles mesures pour l'éducation. Un bond en arrière!!
C'est la fin du collège unique, le retour aux bonnes vieilles méthodes d'il y a cinquante ans environ. Terminée l'égalité à l'école: c'est le temps du tri, avec le retour des groupes de niveaux. Les groupes de niveaux, séparant «faibles» et «forts», en plus d’être complètement inutiles et contre-productifs, risquent de renforcer le harcèlement scolaire. Imaginez deux secondes ce que peut ressentir l'élève qui est placé dans la classe des "faibles": la mise à l'écart de l'ensemble de ses camarades, la reconnaissance officielle de ses difficultés et l'impression de porter sur le dos l'étiquette "en difficulté".
On sait pourtant, les études l'ont prouvé , que c'est dans l'hétérogénéité que réside une partie de la réussite scolaire. L'entraide, l'émulation, la prise en compte des capacités de chacun selon les domaines d'enseignement, c'est ce qui permet d'avancer ensemble vers une plus grande réussite.
Autre retour, le redoublement, et avec lui, les stages de réussite. Ces derniers existent depuis 2008: s'ils avaient des résultats, ça se saurait!!
Le redoublement sans moyens supplémentaires pour les enseignants ne donnera rien. Ce n'est pas le redoublement qui va aider un élève à reprendre pied s'il est en difficulté. C'est un enseignement adapté, à l'intérieur du groupe classe. Mais ceci implique des groupes classe allégés; afin que l'enseignant puisse offrir à chacun un cursus adapté à ses besoins. Et la suppression de postes à laquelle on assiste tous les ans ne va pas dans le sens de l'allègement des effectifs.
Quant aux stages de réussite, ils sont encore un moyen d'inculquer à l'élève qu'il est en difficulté. Pendant que les autres profitent de leurs vacances, eux sont à l'école, pour "rattraper leur retard". Pourquoi ne pas combler ce retard tout au long de l'année scolaire? C'est possible, si l'équipe éducative en a les moyens.Mais il faut que les enseignants aient la possibilité, en terme de temps et de moyens, de différencier leur enseignement, de l'adapter à chacun, faible ou fort.
Autre bond vers la mise au banc des élèves les plus faibles: l'entrée au lycée sera conditionné par l'obtention du Brevet des Collèges.Ceci n’a jamais été le cas. Cela permettra au ministère d’éjecter des milliers d’élèves du lycée, une bonne manière de grappiller quelques sous sans avoir à augmenter le budget de l’Éducation Nationale.
Nouveau bond en arrière: le port de l'uniforme.N'en doutons pas, le port du pull marine relèvera le niveau en mathématiques des élèves plus efficacement que la baisse des effectifs dans les classes!
Autant s'habituer tout jeune à gommer ses différences, à marcher au pas, à se fondre dans la masse, à ne pas faire de vagues. Le port de l'uniforme, c'est le symbole de cette mise au pli!
Plus de liberté pédagogique de l'enseignant. Celà signifie des manuels imposés par le ministère. Gabriel Attal, grand seigneur, propose que le ministère achète lui-même les manuels pour les classes des CP-CE1. L'imposition généralisée d'un enseignement venant de "là-haut"est une fois encore un mépris craché à la face de toutes et tous les enseignants.Une fois de plus, à l’inverse de ce qu’il écrit aux professeurs des écoles, le ministre ne les considère pas comme des professionnels experts de leur métier mais comme de simples exécutants.
Et ceci est très grave , car qui mieux que l'enseignant qui côtoie l'élève tous les jours connait ses besoins? Pouvoir diversifier les supports d'enseignement (manuels, vidéos...), c'est pouvoir coller au rythme et aux besoins de chacun.
Ces annonces et leurs conséquences sur le métier d’enseignant ne peuvent qu’aggraver les inégalités entre les élèves et s’apparentent à une volonté de tri social.
Ces mesures ne répondent par ailleurs en rien au cri d’alarme lancé par les personnels. La réalité c’est que les conditions de travail et donc l’enseignement se dégradent partout sur le territoire. Le métier d'enseignant n'est plus attractif, les professeurs n'ont plus , pour certains, le coeur à l'ouvrage. Et ceci se comprend quand l'ouvrage c'est ,par exemple, d'utiliser un manuel obligatoire, au lieu de construire un cours pensé pour la spécificité de ses élèves.
Des moyens doivent être mis en oeuvre pour garantir la réussite de tous. Il faut aider et non punir la difficulté. Ceci implique des réseaux d'aide, une formation des professeurs spécialisés, un allègement des effectifs et des enseignants sur-numéraires, de réels moyens pour faire fonctionner l’inclusion scolaire. Et ce n’est pas en supprimant 1709 postes dans le premier degré à la rentrée 2024 que nous y parviendrons.
De sombres jours se profilent pour l'Ecole Publique. Réagissons, luttons pour la même école pour tous, pour une formation accrue des enseignants, pour l'allègement des effectifs. Luttons pour des mesures qui ne laissent pas sur le chemin les élèves les plus démunis.