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Ce sont des lieux de stockage de l'eau, entourées de digues de 10 mètres de haut.
Les méga-bassines sont remplies par pompage dans la nappe phréatique ou dans les cours d'eau.
Elles sont sensées pomper en hiver. Mais pomper en hiver n'empêche pas de créer une pression sur la ressource eau.
En effet, ce sont d’abord les nappes qui doivent se recharger en hiver afin d’alimenter le réseau hydrographique, renouveler les milieux aquatiques et infiltrer les sols.
La pluviométrie est souvent insuffisante et le rechargement des nappes phréatiques est de plus en pllus tardif. De ce fait, le remplissage des méga-bassines a un fort impact sur la capacité des milieux aquatiques à se renouveler.
On entretient volontairement la confusion entre méga-bassines et retenues collinaires. Ces dernières sont de plus petite taille et surtout sont alimentées par l'eau de pluie et l'eau de ruissellement, sans système de pompage.
Les méga-bassines ne se remplissent pas, elles, avec de l'eau de pluie. Elles pompent directement dans la nappe phréatique et dans les cours d'eau. Elles pompent directement dans les espace naturels de stockage.
Il est faux de dire que les méga-bassines serait une eau en excédent en hiver et donc une eau perdue. Cette eau se serait naturellement infiltrée dans les sols ou aurait rejoint les cours d'eau.
C'est donc une eau qui vient alimenter le cycle naturel et qui répond à des besoins vitaux pour les sols, les plantes et les animaux, et jusqu'au cycle marin.
Stocker cette eau, c'est la soustraire au milieu naturel qui ne reçoit plus la quantité d'eau nécessaire à son bon fonctionnement. De plus, les méga-bassines rendent cette eau stagnante, favorisant ainsi son évaporation.
Les méga-bassines alimentent les grosses exploitations. Ces dernières sont principalemment exportatrices et ne participent pas à la souveraineté alimentaire. La souverainenté alimentaire est assurée par des exploitations locales qui nourrissent la population d'un territoire donné.
La création et l'exploitation de ces méga-bassines est tout sauf démocratique. L'implantation de ces méga-bassines empêche le partage égalitaire de l'accès à l'eau pour les paysan-nes, accaparant l'eau pour une minorité.
Les projets de construction de méga-bassines ne se font pas en concertation avec la populatioin agricole d'un territoire. Pas de concertation démocratique et collective.
L'irrigation est largement subventionnée par un prix de l'eau agricole faible, et par des apports financieres publics pour la construction d'ouvrages d'irrigation.
Ces finacements entraînent la privatisation de l'eau au profit d'une minorité de bénéficiaires.
La distribution de ces aides n’est pourtant pas en accord avec les attentes de la société qui souhaite une agriculture préservant les ressources naturelles et relevant le défi climatique.
S'en suit une fuite en avant des exploitants agricoles, qui prend au piège de nombreux agriculteur-trices qui deviennent victimes d'un modèle insensé.
QUELQUES EXEMPLES
Le projet de méga-bassines sur le bassin versant Sèvre Niortaise et Mignon cumule 70 % de financements publics pour un montant total de 52 millions d’euros d’investissements, soit 45 millions d’euros d’argent public.
On retrouve la même proportion d’argent public pour le projet dans le bassin du Clain.
Pour le projet Sèvre Niortaise et Mignon, ce sont 6 % des agriculteur-trices du territoire qui seraient raccordés. Dans le cadre du projet de méga-bassines sur le bassin versant Sèvre Niortaise - Mignon, environ 200 hectares seraient plastifiés.
Dans le département de la Vienne, on retrouve les taux de nitrates les plus élevés dans les zones d’irrigation agricole du département.
Il est donc évident que le projet de méga-bassines est un projet visant à faire crever les petites exploitations, au profit des grandes exploitations capitalistes.
Pour la Confédération Paysanne, il faut reconnaître "le droit à l'eau". Il faut respecter le cycle naturel de l'eau et sa préservation sinon sa disponibilité est de fait remise en cause.
Les financements publics doivent en premier lieu inciter les paysan-nes à s’engager dans des systèmes qui limitent leurs impacts sur la ressource en eau, en quantité et en qualité.
L’encouragement de systèmes agricoles toujours plus gourmands en eau est dangereux pour la pérennité de l’activité agricole qui doit préserver son outil de travail.
La gestion de l’eau doit être transparente et démocratique. Là où la ressource est rare, un plafond de prélèvement doit être mis en place pour l’irrigation prenant en compte le nombre de personnes travaillant dans la ferme.
L’accès à l’eau en agriculture doit soutenir prioritairement les productions locales pour l’alimentation humaine, l’élevage paysan et des productions agricoles à forte valeur ajoutée et intensives en emploi.
Pour le MODEF, comme le souligne Raymond Girardi, "Les paysans ont, selon nous, deux fonctions fondamentales: une fonction nourricière et une fonction d’occupation de l’espace rural qu’ils modèlent et où ils entretiennent la vie. Or ces fonctions ont progressivement disparu à la faveur de l’industrialisation et de la mondialisation. Il est inimaginable qu’un pays comme la France ne soit désormais plus capable de produire de quoi nourrir sa propre population sans avoir recours à l’importation ! Savez-vous que la moitié des fruits et légumes que nous consommons aujourd’hui est importée ? ! La moitié, c’est énorme ! »
« Si l’irrigation était conçue pour alimenter et porter une agriculture vivrière destinée aux habitants du territoire, cela ne nous poserait pas de problème puisqu’on s’inscrirait ici dans un réel projet de territoire favorable à nos autonomies alimentaires. »
Nous soutenons les agriculteurs qui luttent contre ces projets. Les méga-bassines, c'est :
- une eau naturelle appartenant à tous prélevée au profit de très gros paysans, car une méga-bassine peut coûter plusieurs dizaines de millions.
- appliquer à l'agriculture, comme à l'ensemble de l'économie, le modèle capitaliste: à partir de biens collectifs, l'Etat à grands coups de fonds publics finance les capitalistes, qui se trouvent être ici des agriculteurs.
- l'accélération de la disparition des petits agriculteurs.
Nous déplorons la réponse du gouvernement, qui utilise la matraque et non le dialogue.
Il est grand temps que ce gouvernement entende le cri d'alarme des petits agriculteur-trices et que l'on se pose autour d'une table pour de véritables discussions.
L'eau doir rester une denrée à la portée de tous. Il est inadmissible qu'elle soit réservée aux grosses exploitations capitalistes exportatrices.
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Nous défendons une agriculture de terrain, préservant les ressources naturelles et favorisant les circuits courts.