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Bonjour à tous,
Nous sommes ici réunis pour ce 1er mai.
Le 1er mai, c’est la fête des travailleurs, et non la fête du travail, comme le disait Pétain. Les mots ont un sens et ce n’est jamais un hasard quand la bourgeoisie fait le choix de modifier les termes utilisés. Je ne peux m’empêcher de penser à celui de collaborateur, utilisé à tout va dans nos entreprises. Comment ont-ils pu réhabiliter un terme si lourd de sens dans notre pays ? Et pourtant, ils ont osé. Au-delà de sa signification lors de la seconde guerre mondiale, dans nos entreprises, nous ne sommes pas des collaborateurs. Nous sommes des salariés, soumis à des liens de subordination à des directions qui ne cherchent qu’à nous exploiter plus, pour moins cher. Et nous, nous cherchons à résister, à gagner de quoi vivre dignement, à faire notre travail dans de bonnes conditions, à assurer notre avenir et celui de nos enfants.
Et nos inquiétudes sont de plus en plus grandes !
Ce 1er mai 2023 a un goût bien particulier, à bien des égards. Il y a la réforme des retraites bien sûr, mais pas seulement. Revenons un peu en arrière et dressons un bilan de leur politique.
Nous sortons à peine de la période COVID pendant laquelle nous avons assisté aux plus grandes incohérences des discours politiques. Alors qu’on nous annonçait le plus grand risque pour notre santé, ils continuaient de fermer des lits d'hôpital. Aujourd’hui encore, à St-Quentin même, des services sont menacés de fermeture. Pour des raisons budgétaires ? Par manque de personnel ? Il est difficile de décrypter leur stratégie de casse. Une chose est certaine. Les gouvernements sont responsables du désastre. Ils ont fermé 80.000 lits en 20 ans, soit 30% des places dans les hôpitaux publics. De la tarification à l’acte aux agences régionales de santé, il fallait gérer la santé comme une entreprise. Quelle aberration ! Baisse de moyens et restructuration, la dégradation de la qualité de service et la dégradation des conditions de travail du personnel soignant sont à son comble. Pire, alors qu’on manquait de personnel, ils ont suspendu ceux qui n’étaient pas vaccinés. Ils ne sont toujours pas réintégrés aujourd’hui.
Durant cette période COVID, ils nous ont fait avaler les pires couleuvres. Il fallait s’auto autoriser à sortir, accepter des couvre-feux, des limitations de déplacement, etc. Des mesures sans aucun lien avec notre santé, voire contre productives. Combien de personnes avons-nous dans notre entourage qui souffrent encore de cette période. En 2022, alors que le COVID était terminé, nous enregistrons, en France, 10% de décès supplémentaires par rapport à 2019, soit plus de 60.000 morts de plus. Les mesures imposées ont décalé la prise en charge des soins des maladies chroniques, nombre de dépistages n’ont pas été réalisés, nous faisons face à des pénuries de médicaments, les services de psychiatrie, déjà mis à mal, sont débordés, les EHPAD ont des conditions d’accueil déplorables, etc.
Nous étions quelques-uns à dénoncer l’imposture. L’émotion nous met des œillères. Et la peur est une émotion forte. En mai 2020, un camarade me demandait : « Mais quel intérêt peut bien avoir le patronat de mettre à l’arrêt l’économie ? ». Les chiffres parlent d’eux-mêmes aujourd’hui, durant cette période, ils ont transféré des centaines de milliards d’euros d’argent public aux entreprises privées, soi-disant pour maintenir l’économie. Des entreprises privées qui se sont gavées. Cet argent aurait pu, aurait dû, servir à remettre à niveau nos services de santé, d’éducation ou autre. Et c’est l’inverse qui s’est passé. Il leur a été pris pour être donné aux grands trusts. Les chiffres d’affaires ont explosé alors que l’activité était à l’arrêt. Cherchez l’erreur. Et comme le Capital et ses actionnaires refusent de voir baisser les chiffres d’affaires et bénéfices, la combine suivante pour les augmenter, c’est la hausse des prix qui devient évidente. Ajoutez à cela les pénuries dues aux arrêts de production et vous avez de bons éléments du cocktail explosif de l’inflation.
Et les événements s'enchaînent.
La guerre en Ukraine devient prétexte à l’explosion des coûts de l’énergie.
La CGT n’a cessé de le dénoncer. La hausse des coûts de l’énergie n’est pas due à la guerre en Ukraine. Concernant le gaz, pour faire simple, la privatisation de GDF conduira à l’arrêt des contrats sur 30 ans et des stockages importants en France qui évitaient les fluctuations brutales des tarifs. Concernant l’électricité, une réglementation européenne induit indirectement une indexation du prix de l’électricité sur celui du gaz. La privatisation de l’entretien des centrales nucléaires, la politique soi-disant écologique mais réellement opportuniste anti-nucléaire, ont conduit à négliger les entretiens et à baisser les capacités de production au profit de l’imposture de l’éolien.
Des éléments qui permettront aux sociétés gazières américaines de nous vendre le gaz 4 fois plus cher qu’aux États-Unis et aux distributeurs privés d’électricité de vendre à 1200€ du MWh alors qu’il est produit à environ 50€ en France.
Dans la continuité du COVID, la guerre en Ukraine et son lot d'émotions, permet des transferts massifs d’argent, du porte-monnaie des travailleurs, vers les grandes sociétés et donc vers les grandes fortunes.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, tous ces éléments sont réels et vérifiables. J’invite les plus sceptiques à faire eux-mêmes leurs recherches.
COVID, guerre en Ukraine, nous sommes nombreux à nous demander à quoi nous devons nous attendre demain ? Ou plutôt, à quoi nous devons nous préparer ?
Le prétexte suivant déjà engagé est celui du climat. Comme pour le COVID ou la guerre en Ukraine, il ne s’agit pas d’engager des débats sur la pertinence des prédictions. Même si ces débats sont intéressants, ne nous enfermons pas dans le piège qui nous est tendu. Essayons plutôt d’analyser comment le Capital utilise ces sujets pour nous ponctionner et nous asservir.
Aujourd’hui, il est impossible d’allumer la télévision sans tomber sur une émission sur le sujet. La météo s’appelle météo climat. 9 reportages sur 10 l’abordent. La semaine dernière, on apprenait dans l’Aisne Nouvelle que notre département était en alerte sécheresse. Ça en a fait rire beaucoup d’entre nous après les 4 mois de pluie que nous avons subis. En lisant dans le détail, on apprend qu’il existe 4 niveaux de vigilance et qu’il y a 7 piézomètres qui permettent de mesurer le niveau des nappes dans l’Aisne. Sur les 7, un seul est au niveau de vigilance le plus bas. Ce qui n’empêche pas le journal de titrer « le département de l’Aisne placé en vigilance sécheresse ». La stratégie de la peur continue.
Selon un rapport du Sénat, « seulement 4,7 % du flux annuel d’eau est stocké en France, alors que l’on atteint presque 50 % en Espagne ». Si la France est en sécheresse, où en est l’Espagne ?
Il y a longtemps que nous avons constaté que le contrôle technique automobile ne se limite plus à notre sécurité mais qu’il sert à nous contraindre à jeter notre vielle voiture et à nous forcer à en racheter une à des tarifs exorbitants. Demain, il nous annonce la fin des véhicules thermiques au profit du tout électrique. Qui peut se payer une voiture électrique ? Qui a les moyens de la recharger ? Sans parler de la production des batteries et de l’impossibilité de leur recyclage. Tout comme au moment du COVID, le discours est incohérent.
Le 21 avril dernier, l’Union européenne a adopté la réforme du marché carbone qui prévoit de faire payer aux ménages de nouvelles taxes sur le carburant et le chauffage dès 2027.
Eau, habitat, transport, le climat est déjà annoncé comme le prétexte à de nouvelles hausses de tarifs et à de nouvelles restrictions.
Toutes ces mesures n’apportent concrètement aucune solution aux problématiques environnementales qui peuvent exister. Elles consistent juste à nous faire payer tout au prix fort, au grand bénéfice des grandes sociétés privées.
Pourquoi solutionner un problème qui rapporte ?
Dans le même temps, les services publics de contrôle de pollution des sols par les entreprises sont démantelés au profit de sociétés d’audit privées permettant les petits arrangements entre amis. Les budgets pour la recherche publique sont toujours au plus bas alors que des crédits d’impôt recherche permettent aux sociétés privées d’éviter des dizaines de millions d’euros d’impôts tout en engrangeant les bénéfices de brevets développés sur des sujets souvent futiles. La recherche publique permettrait pourtant de planifier et de faire évoluer les moyens de production pour qu’ils produisent mieux avec moins de ressources et d’impact.
S’il est important d’être conscient de l’avenir bien sombre qui nous est présenté. Il est encore plus important de ne pas s’y résigner. Mais si vous êtes présents en nombre aujourd’hui, si les cortèges contre la réforme des retraites ont fait le plein depuis le mois de janvier, c’est que nous sommes nombreux à être bien décidés à ne pas nous laisser faire.
Pendant que les Xavier Bertrand, Frédérique Macarez ou Julien Dive collaborent soigneusement avec le système, nous faisons face à la dure réalité du contexte actuel. Nous résistons sur nos lieux de travail.
Je vais vous donner quelques exemples, juste sur ces 6 derniers mois.
En décembre, chez ALKOR Majuscule, les salariés ont fait grève pendant 3 jours pour revendiquer des augmentations de salaire qu’ils ont obtenues.
En janvier, chez Cereals Partner France à Itancourt, Nestlé pour les non-initiés, la CGT a obtenu 4% d’augmentation générale avec un talon à 100€/mensuel et un effet rétroactif au 1er janvier.
En mars, chez Sonelog à St-Quentin, les salariés soutenus par la CGT interprofessionnelle ont fait grève pendant 7 jours pour revendiquer des augmentations de salaire. Ils ont obtenu 110€/mois + 80€ de variable.
Chez Sulzer Ensival Moret à St-Quentin, la présence de la CGT autour de la table des négociations a permis aux salariés d’obtenir des augmentations de salaire de 120€/mois pour les salaires inférieurs à 28 000€/annuel, de 90€ pour ceux inférieurs à 40 000€/annuel et 60€ pour les autres avec un effet rétroactif au 1er mars.
Chez Intermarché à Zac La Vallée, malgré une répression syndicale forte et l’absence depuis toujours des syndicats, un jeune camarade de la CGT a été élu en janvier. En mars, il a organisé un 1er mouvement de grève pour dénoncer leurs conditions de travail et leurs salaires. Les salariés ont obtenu de la direction un engagement à être plus respectueux. Un beau pas en avant dans cet univers de la grande distribution du « marche ou crève ».
Partout, où les salariés s’organisent, les salariés gagnent des avancées sur leur salaire et sur leurs conditions de travail.
Alors, salariés, collègues, camarades, organisons-nous pour mieux lutter, mieux résister, mieux vivre et mieux préparer notre avenir.
PREMIER MAI MANIFESTATION ST QUENTIN AISNE ALICE GORLIER PCF CASSE HOPITAUX SERVICES PUBLICS SALAIRES INFLATION GUERRE LUTTES VICTORIEUSES