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Un texte d'Ahmed Tobasi, metteur en scène et comédien palestinien. 22 mai 2024
"Jusqu’à présent, je suis vivant.
Nous ne savons pas ce qui se passe. Avez-vous des infos sur le moment où ils partiront?
Nous sommes dans la maison et partout autour de nous il y a des explosions. D’énormes explosions.
Il y a des snipers partout, nous gardons donc les fenêtres fermées et nous ne nous en approchons pas.
Les drones sont très bruyants et volent très bas.
De nombreuses maisons ont été détruites et incendiées.
Ils font à leur aise, détruisant tout avec d’énormes bulldozers.
Jouissant du contrôle total qu’ils ont sur nous.
On ne peut aller nulle part. II fait tellement chaud et les enfants sont en sueur, avec des moustiques partout.
Il n’y a pas d’électricité, et nous essayons de faire des choix judicieux sur la façon d’utiliser le peu d’eau qui nous reste.
Quand la nuit tombe, nous restons assis dans le noir. Nous n’avons même pas de bougies. Nous ne nous sommes pas préparés à cela.
Les enfants de notre maison n’arrêtent pas de pleurer et on peut entendre les cris des enfants de tout le quartier.
On essaie de jouer avec les enfants mais nous avons tous peur.
Les Israéliens ont utilisé un bâtiment du camp pour les interrogatoires. Ils vont d’un quartier à un autre en emmenant des hommes. C’est la même chose qu’en décembre.
Oui, il est très possible qu’ils m’emmènent en vue d’un interrogatoire. J’essaie de rester calme.
Chaque seconde passe et on pense à tous les scénarios.
Mentalement c’est trop, c’est trop cinglé.
Je me demande combien de temps ça va durer?
Ces deux journées ont fait l’effet de durer deux ans”
Ahmed Tobasi